Marion Rousse, 30 ans, ne cesse d’allonger sa liste de rôles dans le monde du cyclisme. Ancienne coureuse cycliste et experte à France Télévisions, elle est aujourd’hui également directrice du Tour de France Femmes, qui se déroulera du 24 au 31 juillet. Malgré une tentative en 1955, et plusieurs éditions dans les années 1980 (marquées par le coureur le succès de Jeannie Longo), la version féminine de la plus importante course cycliste de France n’a jamais réussi à s’imposer.
« Quand j’étais petite, je regardais le Tour de France à la télé avec admiration. Et quand j’ai commencé ma carrière, je me doutais que je n’aurais jamais la chance d’y courir », a écrit Mme Rousse sur les réseaux sociaux après avoir été nommée directrice du Tour de France Femmes en octobre. « Les coureuses ont trop longtemps ressenti qu’elles n’étaient pas légitimes, parce qu’elles n’avaient pas participé à l’événement cycliste numéro un en France. Ce n’est pas un cadeau qu’on leur fait, elles le méritent », a-t-elle récemment déclaré.
Une famille de cyclistes
Née dans le nord de la France, Mme Rousse a grandi dans une famille passionnée de vélo. Trois de ses cousins – Olivier Bonnaire et David et Laurent Lefèvre – étaient des cavaliers professionnels. Son père, opérateur de machine, a participé à des compétitions amateurs. « J’avais l’habitude de suivre mon père dans toutes ses courses, même dans ma poussette », a-t-elle déclaré.
À l’âge de six ans, elle a dit qu’elle voulait aussi faire de l’équitation. Son père a refusé. Sa mère l’a ensuite aidée à passer son premier brevet de cyclisme en secret. « Une semaine plus tard, mon père m’a emmenée faire mon premier tour et il ne m’a plus jamais lâchée », a-t-elle déclaré. Ses idoles à l’époque étaient tous des hommes. « Bien sûr, je connaissais Jeannie Longo. Mais je ne l’ai jamais vue concourir, donc je m’identifiais davantage aux hommes », a-t-elle expliqué.
Un focus sur les médias
Mme Rousse dit s’être « naturellement » intégrée dans ce monde dominé par les hommes. En 2012, elle remporte le titre de championne de France de course sur route. Grâce à cette distinction, elle a été invitée à Les Rois de la pédale (« Kings of the Pedals »), le programme cycliste phare d’Eurosport. « A l’époque, je ne voulais pas du tout être dans les médias », dit-elle, ajoutant : « J’y suis allée pour comprendre le monde de la télé. »
Quelques mois plus tard, Guillaume Di Grazia, rédacteur en chef du programme, lui propose un poste d’expert pour le Tour d’Espagne 2013. « A l’époque, je portais trois casquettes : cycliste de course, ponte télé et je travaillais à la mairie d’Etampes car mon salaire de sportive n’était pas suffisant. Mais c’était trop dur », raconte-t-elle. Elle a pris sa retraite du sport deux ans plus tard, alors qu’elle n’avait que 25 ans, pour se consacrer entièrement à sa carrière télévisuelle.
Sexisme et vie à l’écran
En 2017, Mme Rousse est devenue la première femme à commenter le Tour de France sur France Télévisions. « Je ne pouvais pas faire d’erreur. Je ne voulais pas être la fille qu’ils ont mise là juste parce qu’ils avaient besoin d’en avoir une », a-t-elle déclaré. Malgré sa brillante carrière de commentatrice, qui lui a valu des éloges dans le monde du cyclisme, Mme Rousse est toujours la cible de commentaires sexistes – notamment sur sa vie privée. Elle était mariée au cycliste Tony Gallopin et est maintenant en couple avec le double champion du monde de cyclisme Julian Alaphilippe.
Nous sommes intéressés par votre expérience d’utilisation du site.
Elle a l’habitude d’écarter les questions curieuses et dit que sa vie privée n’affecte pas le sérieux avec lequel elle prend son travail. Directrice adjointe du Tour de la Provence depuis 2019 et du Tour de Savoie Mont-Blanc depuis 2020, elle appliquera désormais la même discipline au Tour de France Femmes.